UN TEMPS D’ATTENTE RÉDUIT DE 1H20 AUX URGENCES
La biologie délocalisée, réalisée en dehors des locaux du laboratoire de biologie médicale et à proximité du patient, est particulièrement encadrée en France. La législation limite son utilisation aux services “aigus” et est proscrite dans les Ehpad ou en médecine générale. « Dans de nombreux pays (Suisse, Allemagne, Hollande), elle est beaucoup plus répandue, explique Ludovic Bal, directeur général de LumiraDx France. En Allemagne par exemple, nous avons déployé plusieurs milliers d’automates chez des médecins de ville et pour lesquels cette pratique est largement encouragée. »
La société développe des instruments qui permettent le dépistage ou le dosage de différents marqueurs biologiques comme les virus (grippe, bronchiolite, covid), l’embolie pulmonaire, les infections, mais également pour des pathologies chroniques (diabète et insuffisance cardiaque). Dans les services d’urgence français, leur usage est autorisé. Depuis un an, le GHEF (Grand Hôpital de l’Est Francilien), qui dispose du plus grand service d’urgences de France, s’est doté, sur les 3 sites du GHT, d’automates. « Notre but était de réduire considérablement le temps d’attente aux urgences et de pouvoir orienter les patients rapidement lorsqu’un isolement ou une hospitalisation est nécessaire, rappelle le Dr Mourad Bendaoud, chef du pôle biopathologie de territoire et chef de service laboratoire du site de Marne-La-Vallée. Le contrat est rempli puisque nous avons réduit de 1h20 les délais de prise en charge. »
Dans la pratique, l’utilisation est très simple. En cas de suspicion d’un diagnostic, le médecin peut demander un examen de biologie médicale parmi les examens réalisés dans le service des urgences. Selon l’examen, une goutte de sang ou un prélèvement nasal est positionné sur une carte micro fluidique à usage unique (voir cicontre). L’agent s’identifie grâce à son badge et identifie le patient en scannant son étiquette. « Tous les logiciels (SIL, middleware et SIH) sont interfacés, précise le biologiste. L’agent dispose ainsi de tous les éléments d’identité du patient. Les résultats sont ensuite directement envoyés au laboratoire, via le SIL. C’est un gain de temps considérable et une vraie avancée pour la médecine de proximité. C’est l’avenir de la prise en charge ! »
DES RETOURS D’EXPÉRIENCES POSITIFS
Aux Hôpitaux Champagne Sud, on partage le même enthousiasme. En choisissant le déploiement des automates de LumiraDx son directeur général, Damien Patriat, souhaitait répondre à des objectifs multiples. « C’est d’abord une demande des urgentistes, précise-t-il. Ils souhaitaient avoir des résultats plus rapides en prévision de la saison hivernale. Et puis à l’échelle du centre hospitalier de Troyes, nous avons voulu franchir un cap dans l'organisation et la modernisation des urgences en mettant à disposition des tests fiables et rapidement efficaces. » Côté rapidité, les timings ont été fortement réduits.
Avec de tels atouts, les automates devraient voir leur utilisation s’étendre. Actuellement axés autour de la virologie, les tests relatifs aux DDimeres (embolie pulmonaire), aux CRP (infection) et aux NTPROBNP (insuffisance cardiaque) devraient faire leur apparition comme au GHEF. « Nous allons également apporter cette biologie délocalisée dans les SMURs (Structures Mobiles d’Urgence et de Réanimation) pour mieux orienter nos patients vers le bon établissement (réanimation, soins intensifs de cardiologie…). » Les Hôpitaux Champagne Sud misent donc franchement sur cette technologie, dont l’impact est considérable en termes d’attractivité des urgences, et donc de recrutement du personnel médical. Ces outils sont devenus, dans les établissements où ils ont été déployés, un argument pour recruter la nouvelle génération de soignants.