Dédié à l’échange et au partage d’imagerie de santé, le projet Krypton est un des fleurons du GRADeS de la région, ESEA. Un projet qui monte en puissance, et qui prépare sa version Ségur 2.
Guichet télésanté, répertoire des ressources médicales, plateforme de formation, résultats d’analyses en ligne, aide à l’orientation des patients... Dans le large bouquet de services numériques proposé par ESEA (« E-santé en action ») en Nouvelle-Aquitaine, l’un occupe une place de choix : le dispositif de partage d’imagerie. Baptisé Krypton, il est l’un des plus avancés de l’Hexagone en la matière.
Krypton permet l'échange et le partage dématérialisés d'examens d'imagerie médicale - sous toutes ses formes - entre structures de santé adhérentes, sans transfert ni stockage local. Le tout avec un accès aux « antériorités » sur deux ans ou plus. Chaque structure membre peut ainsi accéder à quelque 18 millions d’examens partagés, grâce à un data center installé en France. Environ 635 recherches d’examens sont ainsi effectuées chaque jour par les professionnels de santé. Un dispositif qui connaît une croissance rapide : pour les mois de janvier, en moyenne, 2.148 examens ont fait l’objet d’une recherche en 2022, 6.500 en 2023, et 13.500 cette année.
« Au départ, nous avions deux priorités : construire un dispositif différent des systèmes d’archivage à usage local ; et offrir un ensemble de services performants d’échange et de partage d’images, à l’échelle régionale en s’appuyant sur les standards internationaux », explique Christian Caubet, directeur de projet à ESEA. Un groupe de travail réunissant les différents acteurs a défini les spécifications. Dans un premier temps, le GRADeS a collaboré avec Carestream, spécialiste de l’imagerie - lequel sera par la suite racheté par Philips - et Medsquare, spécialisé dans la dosimétrie. « Compte tenu de notre expérience passée, nous avons choisi de travailler avec un seul éditeur », précise le responsable. Restait à réunir assez d’adhérents pour former une communauté disposant d’une masse suffisante d’images de radiologie et de médecine nucléaire.
C’est chose faite : le projet KRYPTON compte actuellement 116 structures - publiques et privées, quasiment à parité. Soit plus de la moitié des producteurs d’images médicales de la région, représentant environ 80 % des images produites.
Bénéfices multiples, pour les patients et les médecins
La sécurité du dispositif est évidemment une priorité. Krypton assure un hébergement agréé des données de santé (HDS), avec des accès aux examens et comptes-rendus limités à la prise en charge, et une traçabilité complète des accès. Ceux-ci s’effectuent à l’aide de boîtiers installés dans les établissements. De son côté, Philips se porte garant de la sécurité de l’ensemble.
« Krypton est un système évolutif, qui se protège de mieux en mieux. Si une faille est identifiée, nous installons immédiatement une parade », indique Christian.
« ESEA apporte à tous ses membres un soutien et des conseils, ce qui permet d'envisager sereinement l'évolution du projet », ajoute Hugues Alegria, le directeur du GRADeS.
L’ARS, avec le concours du Conseil Régional de Nouvelle-Aquitaine, a co-financé une grande partie du projet. Son coût initial s’élève à environ 400.000 euros pour les instances régionales, auxquels s’ajoutent 60.000 euros par an de frais de fonctionnement. Pour les établissements adhérents, l’acquisitiondu boîtier pour la partie Echange et Partage est seulement de l’ordre de 4000 euros. Le modèle financier régional a permis que les frais d’entrée soient minimaux sans frais récurrents.« Krypton apporte de multiples avantages : il améliore la prise en charge des patients, évite les examens redondants et permet aux praticiens de gagner un temps considérable, souligne Christian Caubet. Au final, c’est une source d’économies. »
D’autant que le dispositif répond à des usages de plus en plus nombreux. Il est utilisé en routine pour des réunions de concertation pluridisciplinaires - notamment en oncologie.
Peu à peu, Krypton s’enrichit de nouvelles fonctionnalités, comme le partage via des communautés, des processus métiers, ou des outils destinés à la recherche (données pseudonymisées, par exemple). Un fonctionnement en temps réel (notamment pour la téléradiologie), qui pourrait s’avérer utile pour des situations d’urgence, est également envisagé et déjà en production sur une petite échelle en attendant une généralisation possible.
Autre grande étape prévue : la convergence avec le projet national DRIM-M, qui permettra un échange d’imagerie au niveau national, fondé sur l’Identité Nationale de Santé (INS). Une transition programmée pour les prochains mois, dans le cadre de la vague 2 du Ségur. « Nous allons disposer ainsi de possibilités encore accrues », se réjouit Christian Caubet.
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