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Interview de Philippe Soulié, Délégué régional de la FHF Île-de-France

Interview de Philippe Soulié, Délégué régional de la FHF Île-de-France

Le 3 octobre dernier, FHF Île-de-France, réunissait lors d’un congrès les grands acteurs franciliens de la santé pour répondre à la question suivante : « Quelle place concrète pour nos hôpitaux et nos établissements médico-sociaux dans la transformation du système de santé en Île-de-France ? »

Le 3 octobre dernier, FHF Île-de-France, réunissait lors d’un congrès les grands acteurs franciliens de la santé pour répondre à la question suivante :

« Quelle place concrète pour nos hôpitaux et nos établissements médico-sociaux dans la transformation du système de santé en Île-de-France ? »

Une question qui fait suite à l’annonce d’une transformation de notre système de santé par le président de la République.

Tout au long de cette journée, des tables rondes et des interventions ont permis de débattre sur l’avenir de la santé, une question qui a fait couler beaucoup d’encre depuis le discours du président le 18 septembre dernier. Ce sont plus de 250 participants qui ont répondu présents à l’appel.

SIH Solutions est allé à la rencontre de Philippe Soulié, Délégué régional de la FHF Île-de-France pour faire le point sur cette journée.

 

Quel serait selon vous le maître-mot de cette journée ?

Il y a un mot qui revient souvent : « décloisonnement ».  Nous sommes en zone de turbulence avec des établissements en tension budgétaire, tant les hôpitaux que les établissements médicaux sociaux, mais on comprend qu’il faut absolument bouger.

FHF a salué favorablement les annonces du président sur le changement de paradigme global.

L’objectif étant d’abord de collaborer entre nous, puis de développer une coopération avec les autres établissements par cercles concentriques. Tout d’abord, mieux coopérer entre nous au sein des GHT et avec le CHU car, comme l’a rappelé lors du congrès Martin Hirsch DG de l’AP-HP, avec laquelle nous avons des conventions d’association.

Il faut aussi qu’on s’ouvre davantage avec la ville. Le paradoxe ou la particularité de ce congrès c’est que c’est un congrès dit « hospitalier » mais on a beaucoup parlé de la médecine de ville. À ce sujet, il y a une étude récente de la FHF qui avait démontré que lorsqu’il y a une baisse d’un côté de la médecine de ville, par exemple un nombre de médecins qui partent ne sont pas remplacés et cela engendre une répercussion immédiate sur nos urgences hospitalières. Il existe vraiment un mouvement de vases communicants. Ce système aujourd’hui n’est pas satisfaisant et c’est pourquoi il y a un travail d’articulation à opérer et sur lequel nous devons avancer avec la ville.

Il faudrait aussi s’ouvrir  à des partenaires de statuts différents. C’est pour cela que nous nous sommes permis d’inviter des établissements privés à but non lucratif, comme c’est le cas des établissements de la FEHAP (Fédération des Établissements Hospitaliers et d'Aide à la Personne) mais aussi des établissements privés à but lucratif comme la FHP (Fédération de l’Hospitalisation Privée) dont le président, Patrick Serrière, nous a fait l’honneur de venir aujourd’hui.

 

Vous parlez de « décloisonnement », quelles seraient donc les stratégies à mettre en place pour pallier le système de santé fracturé ?

« Le temps 2 des GHT » dans lequel il s’agit de s’investir méthodiquement. Stéphane Pardoux l’a bien rappelé dans sa conclusion : les GHT ne sont pas là pour faire de l'hospitalo-centrisme, ils doivent s’ouvrir sur le territoire. J’entends par là qu’ils doivent s’ouvrir aux partenaires que j’ai cités, et tendre la main. La médecine de ville doit également s’ouvrir aux CPTS (Communautés professionnelles territoriales de santé) pour faciliter la coordination des soins ambulatoires au bénéfice des patients et améliorer les conditions d’exercice des professionnels de santé. Le président en appelle à la création de 1000 dans les années à venir et aujourd’hui en Île-de-France il n’y en a qu’une. Ce n’est pas chose facile que de travailler avec des partenaires libéraux car par définition ils sont indépendants et sont souvent éparpillés. Nous les appelons à travailler entre eux sur des projets et des questions de santé. Je crois en un modèle dans lequel on ferait dialoguer ces GHT avec ces CPTS.

C’est très difficile de travailler avec des dizaines voire des centaines de libéraux, infermières, médecins généralistes ou encore des spécialistes sur un territoire donné.

C’est la raison pour laquelle il existe un guide méthodologique qui a été fait en Île-de-France sur la création des CPTS en réponse à la difficulté d’œuvrer.  C’est quelque part le miroir de nos GHT. J’aurais envie de passer une annonce « Hôpital cherche partenaire pour s’ouvrir à la ville » impliquant la CPTS comme partenaire idéale.

 

Quel est le rôle des nouvelles technologies en termes d’innovation pour alléger le fardeau administratif et favoriser ainsi la liaison entre ces professionnels de santé ?

Il faut qu’on investisse sur des sujets d’innovation. L’innovation remonte grâce à des acteurs. C’est une invention qui trouve son usage et on a encore de gros progrès à faire sur le système d’information notamment. Aujourd’hui, nous connaissons les failles des systèmes de communication en interne, que ce soit entre nos hôpitaux ou entre la ville et notre hôpital.  Les nouvelles technologies peuvent nous y aider. C’est pourquoi, nous aimerions travailler en partenariat avec le Lab santé qui était présent dans le stand up de ce matin (Vos 3 priorités pour réussir le PRS 2). En tant que FHF nous nous devons de diffuser et de développer cette culture d’innovation. Ces outils doivent être valorisés.

 

Que pensez-vous de la restructuration annoncée par le président de la République ?

Si les orientations sont globales et vont dans le bon sens, le monde hospitalier est  déçu par les premiers arbitrages budgétaires : le moratoire sur la baisse des tarifs qui est demandé par notre fédération est parfaitement légitime. Qui dit transformation dit « coûts de transformation ». Nous avons bien compris qu’il existe des équilibres macroéconomiques à respecter mais un moratoire sur la baisse des tarifs serait une forme d’encouragement pour cette transformation. Il y a différentes échelles de temps, car cela demande plusieurs années pour arriver à une restructuration.

En outre, le Directeur général de l’ARS, Aurélien Rousseau, a parlé dans sa conclusion d’« accompagnement » et  des ressources humaines en santé. Nous sommes d’accord pour travailler main dans la main sur ces chantiers et notamment sur celui des ressources humaines médicales qui a fait l’objet d’une table ronde lors de ce congrès.

FHF île-de-France