DrugOptimal : une solution d'avenir pour l'incompatibilité médicamenteuse

Jusqu'à un médicament sur cinq est incompatible lorsqu'il est amené à en croiser un autre dans un tube de perfusion. C'est pour répondre à cette problématique que Lugan Flacher et Matthieu Gasc ont cofondé DrugOptimal le 14 avril 2022. La start-up accompagne aujourd'hui plus de 40 établissements en mettant l'intelligence artificielle et son laboratoire d'analyses au service de l'incompatibilité médicamenteuse.

Les médicaments: une donnée complexe

La Société Française de Pharmacie Clinique (SFPC) qualifie l'incompatibilité médicamenteuse comme une problématique non maîtrisée. Le sujet est en effet difficile à adresser pour deux raisons. La première est l'objet « médicament » en lui-même qui souffre d'un manque de données. Pour éviter les incompatibilités, il faut pouvoir les connaître et les intercepter mais, comment les intercepter sans bien les connaître ?

La difficulté persiste. La seconde concerne le fait qu'il s'agisse d'une problématique majoritairement traitable pendant l'administration. En d'autres termes, si les infirmiers organisent bien les perfusions pour que les médicaments incompatibles n'entrent pas en contact, le problème peut être évité. Mais, il n'existe pas de solutions en pratique dans les services permettant de traiter la problématique en temps réel.

Pourtant, l'incompatibilité médicamenteuse intéresse aussi bien les pharmaciens que les sociétés savantes depuis toujours mais sans réelles solutions, elle restait un angle mort. Claire Chapuis, pharmacienne dans le service de pharmacie clinique du pôle pharmacie du CHU de Grenoble Alpes, avait créé une application « maison », à partir d'une liste de médicaments utilisés en réanimation, avec un collègue anesthésiste-réanimateur en réalisant bien la nécessité de ce genre d'outils.

« Après avoir fonctionné un temps, l'outil a fini par péricliter », nous informe la pharmacienne. C'est à ce moment-là que Lugan Flacher, qui avait déjà fait son externat et sa thèse au CHU de Grenoble sur les pratiques intraveineuses et l'incompatibilité, est arrivé avec DrugOptimal.

DrugOptimal: l'intelligence artificielle au service de l'incompatibilité

« En réanimation, nous avons besoin de ce genre d'outils. Donc quand Lugan est arrivé avec sa solution, elle nous a forcément intéressé. Elle venait prendre la suite ce que nous avions créé, de manière beaucoup plus complète puisqu'elle se base sur l'intelligence artificielle, ce qui est déjà novateur, et sur des analyses de chimie en laboratoire », nous apprend Claire Chapuis. La solution, co-fondée par Lugan, a en effet utilisé l'IA pour analyser près de 22000 articles scientifiques, et est couplée à un laboratoire qui va faire des analyses complémentaires si les soignants souhaitent tester des ordonnances.

Depuis le début de son activité, Drugoptimal intercepte entre 100 et 400 incompatibilités par service et par mois, ce qui peut conduire selon les études, à une réduction des complications, parfois létales, de 26%.

Claire le confesse: « Grâce à DrugOptimal et à leur laboratoire, nous avons eu des résultats sur des mélanges et avons été rassurés ».

Pierrick Bedouch, coordinateur du Pôle pharmacie au CHU de Grenoble Alpes, ajoute que « cet outil renforce autant la sécurité des patients que celle des professionnels de santé. Elle sécurise l'activité de l'infirmier ».

Ayant fait ses preuves, la solution est également suivie de près par le ministère de la santé. Catherine Vautrin, Ministre du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles de France déclare : « Le ministère de la Santé est attentif à la problématique des incompatibilités médicamenteuses, qui représente un enjeu de santé publique en matière de qualité et de sécurité des soins.

L'aptitude des soignants à s'outiller pour identifier ces risques et adapter les modalités d'administration en réponse reflète la capacité de notre système de santé à s'améliorer en continu, à innover et à intégrer le numérique pour répondre aux défis exprimés par les professionnels de la santé. Nous encourageons les dynamiques hospitalières et les initiatives innovantes qui contribuent à apporter des réponses pratiques à ces défis ».

Lugan Flacher souhaite désormais porter plus loin DrugOptimal en continuant de s'appuyer sur l'intelligence artificielle.

Il reconnaît que sa start-up n'est pas pionnière sur l'incompatibilité mais que l'IA et la recherche menée au sein de leur propre laboratoire leur fournit une base de connaissances étendue : « Nous commençons à avoir des prédictions sur des mélanges de plus de deux médicaments, ce qui est extrêmement nouveau et plus proche de la réalité clinique ». De quoi encore réduire le risque d'incompatibilité.

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